Un vieil ami de Kafka, l’écrivain Franz Werfel, célébrait depuis trois ans la Métamorphose, en particulier auprès des éditeurs allemands, sans l’avoir lu. Quand le texte est publié, en octobre 1915, dans un mensuel pacifiste édité à Leipzig, il s’y mit enfin, puis écrivit à l’auteur, estime le biographe de celui-ci, Reiner Stach, «la lettre de louange la plus absurde, la plus innocente, la plus crue et la plus juste qu’ait jamais reçue Kafka». Elle mérite en effet d’être citée : «Cher Kafka, vous êtes si pur, si nouveau, si indépendant et si accompli qu’il faudrait vous traiter comme si vous étiez déjà mort et immortel. On ne ressent rien de pareil chez aucun vivant. […] Tous ceux qui sont près de vous devraient s’en rendre compte et ne plus vous traiter comme un des leurs.» Stach conclut : «Déjà mort. Rien de pareil aux vivants. Pas un des leurs. Kafka l’avait toujours senti, toujours craint. Il en avait maintenant confirmation, noir sur blanc.» Le deuxième tome de sa biographie raconte et analyse, avec la même énergie et le même enthousiasme que le premier, les péripéties conduisant à cette confirmation.
«Aphorismes» mystérieux et fascinants
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