Cela peut sembler difficile à croire mais Kalindi Ramphul rêvait d’être dauphin ou océanologue. Avec «son 3 de moyenne en sciences», elle n’avait pas le profil type. Indira, la narratrice des Jours mauves, a eu «4 /20 au bac d’histoire-géo», «un préambule au désastre» qui s’annonce avec son road trip entre l’Ile-de-France et la Haute-Garonne. Elle embarque avec ses proches à bord d’un autocar jaune, façon Little Miss Sunshine, pour disperser les cendres de Suraj Ramgulam, son père, pour l’instant dans une mallette de backgammon. Elle l’envoie «en orbite sur Mars», ne pas s’imaginer la planète, mais «l’nom du PMU en haut de Superbagnères où qu’on s’arsouille avec ton père quand on a fini de grimper» le col à vélo.
1. Pourquoi y aller en autocar ?
Au milieu des vingt-trois passagers bercés par le ronron de l’air conditionné, il y a Ludovic, le premier amant de Suraj. «Il est temps que tu saches», confie-t-il à Indira. Les deux hommes se sont embrassés lors de leur voyage au Népal il y a dix ans, et ont entretenu une relation pendant deux ans. Plus tard dans la vie de Suraj, il y a eu Laurent, lui aussi dans le car, homme au «visage fondu» par l’acide, «l’œil coulant vers son nez, son nez coulant vers ses lèvres, ses lèvres coulant dans son cou». Laurent est une «cascade de chair rosée». Un soir où l’autocar prend feu, il relate à Indira son agression homophobe à New York. Suraj a vécu son existence entre des liaisons sec