Est-ce la découverte «la plus importante pour l’histoire juive depuis les manuscrits de la mer Morte» ? David Fishman, membre du conseil du département d’histoire du séminaire théologique juif des Etats-Unis, le déclare en tout cas en 2017 lorsqu’il voit de ses propres yeux, à Vilnius, des textes tout juste exhumés par des ouvriers qui remettaient en état une cathédrale désaffectée. Cachées dans les orgues et dans les confessionnaux, 180 000 pages de documents en yiddish ont réapparu. Dans cette masse se trouvent des autobiographies rédigées dans les années 1930 par des jeunes âgés de 16 à 22 ans. Ils avaient été incités à prendre la plume par le Yivo, une institution créée en 1925 à Wilno, le nom de Vilnius quand la ville était polonaise. Le Yivo était le centre d’étude du Yiddishland, territoire sans frontières nettes de l’Europe de l’Est qui, avant la Seconde Guerre mondiale, comptait dix millions de Juifs.
Ces autobiographies, le dessinateur américain Ken Krimstein part les découvrir à son tour à Vilnius, peu de temps après leur résurrection. Il sélectionne six récits, les met en forme avec ses propres mots, et compose avec eux un roman graphique dominé par la couleur orange, «parce que c’est une couleur polyvalente. Elle peut symboliser la vie, mais aussi le feu et le danger, sans être aussi dure que le rouge. C’est une couleur qui attire le regard mais elle a aussi quelque chose de poétique. Je trouve d’ailleurs que la couverture de l’édition française, tout o