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Littérature

Kessel-Moral, Steinbeck-Capa : la plume et l’objectif

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Ils ont travaillé en duo par temps de conflits, guerre d’Espagne, guerre froide, ou sont partis hors des chemins battus de la commande mus par le goût du voyage, comme Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski. Retour sur quelques grands tandems d’écrivains et photographes.
Joseph Kessel (de face) avec Jean Moral (1906-1999) et Robert Capa (de dos). Octobre 1938, guerre d’Espagne. (Coll. Michel Lefebvre. adoc-photos)
publié le 11 juillet 2025 à 16h21

Tout a commencé au bar de l’hôtel Bedford dans la 40e rue à New York. John Steinbeck installé au comptoir regarde entrer Robert Capa. Amis depuis 1941, les deux hommes se sentent un peu oisifs et déprimés. Le premier, écrivain reconnu à 45 ans, a déjà publié Des souris et des hommes et les Raisins de la colère, prix Pulitzer en 1940. Le second, vedette du photojournalisme de guerre, a couvert la guerre d’Espagne, la guerre sino-japonaise, de nombreux fronts de la Seconde Guerre mondiale. Il vient de cofonder en mai 1947 la coopérative photographique Magnum. Willy, le barman, leur propose son remontant de choc, une Suissesse. Les verres du cocktail vert pâle devant eux, ils se mettent «à s’interroger sur ce qu’il restait à faire dans le monde pour un honnête homme à l’esprit ouvert».