Tu aimeras ce que tu as tué se situe entre le Petit Nicolas et Jean Genet – il y a de l’espace. C’est le deuxième roman publié en France de Kevin Lambert, né en 1992, après Querelle en 2019, mais le premier à être paru au Québec, en 2017. Il raconte avec une violence désinvolte la guerre entre le narrateur Faldistoire et la ville de Chicoutimi où Kevin Lambert a grandi (un personnage aussi s’appelle Kevin Lambert, il a «le double de mon âge» écrit le narrateur dont il est «sujet de mes fantasmes les plus puissants»). «Je l’haïs», prétend rapidement Faldistoire d’une professeure de primaire et cette forme verbale reviendra, aussi incorrecte que la haine dont elle rend compte et qui s’exprime de la première aux dernières lignes du roman qui sont : «Ce que nous portons en nous est trop grand et le monde trop petit. La destruction est notre manière de bâtir.» Qu’est-ce que cette école où il n’y a «pas de mots sur la violence du monde, son imminente fin, […] aucun mot de vocabulaire qui porte la vérité de notre terre gorgée de cadavres et dont le sol gras sue la mort depuis que le monde est monde, dans lequel on ne peut plus donner un coup de pelle sans arracher quelque lambeau humain, quelque corps de quelque mort dans quelque génocide oublié» ? Un des nombreux chapitres du livre s’intitule «Le Cancer et ses inconvénients». Une bonne élève décrocheuse de prix a un «grand sourire plein de gencives». «Le 11 septembre 2001,
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Kevin Lambert, coups de poing, coups de bassin
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L'écrivain Kevin Lambert en 2019. (Vincent Muller/©MULLER/Opale via Leemage)
par Mathieu Lindon
publié le 10 septembre 2021 à 23h29
Enquête Libé
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