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Roman

Kim de l’Horizon, sève lève-toi

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«Hêtre pourpre», scintillant millefeuille et quête des origines d’une personne «næ en 2666 sur Gethen».
Kim de L'Horizon. Un arbre est le pivot de sa mythologie personnelle. (Anne Morgenstern)
publié le 6 octobre 2023 à 15h16

Comment attraper cet oiseau rare sans le mettre en cage ? Par quel bout prendre un livre qui fuit, ruisselle, serpente, tourbillonne, se déverse parfois et emporte surtout (pour peu qu’on accepte de se laisser porter) ? Le premier roman de Kim de l’Horizon (nom de plume et d’usage) est modelé dans une matière fluide, comme on le dit des genres (gender fluid) ou des liquides corporels (le titre original Blutbuch signifie littéralement «livre de sang», mais on y trouve aussi de la salive, du sperme, de la sueur…), porté par la volubilité d’une personne «næ en 2666 sur Gethen» selon la quatrième de couverture (Wikipédia affirme 1992 à Ostermundigen, dans le canton de Berne), disciple de la sorcière écoféministe Starhawk, et accessoirement lauréate du Deutscher Buchpreis (l’un des prix allemands les plus importants) en 2022. Dans sa note introductive, la traductrice Rose Labourie (gloire à elle) préfère en parler comme d’un feu, «un feu de joie qui embrase tout sur son passage», «brûlant les doigts et la langue».

Feuillage violet clinquant

Tentons de tracer un périmètre. Nous voilà en Suisse, «classe boueuse» mais géraniums partout. Plus près une maison avec jardin. En son centre, un arbre d’ornement au feuillage violet clinquant. Que diable fait-il là ? C’est l’une des questions. Pourquoi «nom d’une pipe mon numble paysan de grand-p