Le Ministère du futur, qui donne son titre au dernier roman de l’Américain Kim Stanley Robinson, représente une nouvelle agence de l’ONU chargée, en 2025, de défendre les générations futures, et elle est dirigée par l’Irlandaise Mary Murphy. L’urgence est là : une grande canicule en Inde a causé plus de victimes que la Première Guerre mondiale et Delhi a décidé d’utiliser la géo-ingénierie solaire, encore controversée. Ce livre touffu, à plusieurs voix, nourri des derniers chiffres et innovations liés au réchauffement climatique et aux inégalités entretenues par le capitalisme, a imposé l’auteur de l’époustouflante trilogie martienne (1992-1996) comme un interlocuteur pour des institutions internationales ou des économistes comme Joseph Stiglitz, Jeffrey Sachs et même Thomas Piketty, que l’auteur de SF a rencontré lors de son passage à Paris début novembre. Entretien.
Pourquoi êtes-vous courtisé comme un théoricien ?
Je ne suis qu’un romancier. Mais le Ministère du futur a fait de moi une sorte de ministre du futur. Il y a cinquante ans, l’intellectuel n’était pas seulement un écrivain mais il jouait aussi un rôle public. Moi je ne suis pas comme Sartre ou Camus.
Pourquoi votre roman est-il dédié à l’essayiste et philosophe Fredric Jameson ?
Il a été mon professeur il y a cinquante ans. Nous sommes devenus amis et je lui envoie mes manuscrits. Il a joué un rôle important dans ma réflexion en tant que marxiste. Il a insufflé mon orientation politique et litté