Né en 1859, Knut Hamsun publie en 1890 la Faim avec un retentissement international immédiat qui fait que plus jamais il n’errera dans Christiania (l’ancien nom d’Oslo), «la faim au ventre». En 1892, c’est Mystères, roman post-dostoïevskien à propos duquel Henry Miller écrivit en 1971, lors de sa traduction en anglais (le texte servait de préface à une édition de poche précédente dont la traduction est ici reprise jusque dans ses coquilles) : «Ce n’est pas le plus grand livre jamais écrit, mais de tous ceux que j’ai pu lire, il est celui qui me touche de plus près.» L’auteur de la Crucifixion en rose et de Tropique du cancer définit le héros comme un homme jouant «à être Dieu» et prenant divers rôles selon ses interlocuteurs : «Le clown, le bouffon, l’amant, l’escroc, le manipulateur de conscience, le grand seigneur, le faux détective, l’intellectuel, l’artiste, l’enchanteur.» Miller, surtout, le voit «comme un artiste qui a fait de la vie son moyen d’expression».
Ce héros, «un certain Nagel, charlatan étrange et singulier» toujours vêtu de jaune, débarque un jour dans «une petite ville de la côte norvégienne» dont il va dev