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Libération
Mardi SF

La bande des quatre et la boule de cristal

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Science-Fiction dossier
Dans «L’Inversion de Polyphème», Serge Lehman revisite la fiction d’aventure et renverse le monde.
France, années 70. Le texte de Serge Lehman est parsemé de références à des auteurs, à des revues et des collections de science-fiction. (Jean Mainbourg/Gamma Rapho)
publié le 25 mars 2025 à 18h39

Paul Venditti vient de mourir. Mick demande à Hugo, devenu auteur de fictions, de relater l’histoire de Paul. «Tu es écrivain. Je suis médecin-légiste. Notre travail, c’est de faire parler les morts. Où est le problème.» Ce prologue ouvre évidemment sur le récit réclamé, car Hugo va y sacrifier. Et le lecteur se retrouve des années avant, à la fin des années 70 aux Loges, au milieu d’une bande d’adolescents de 13 ans, le jour des grandes vacances. Il y a Hugo le narrateur (en réalité Hugues Varlet), Mick dont il est amoureux, Francis et Paul, un club des quatre dont une fille qui joue les garçons manqués, et qui s’est baptisé la bande des Engoulevents (tiré du Cri de l’engoulevent dans Manhattan désert de Kurt Vonnegut). Le pitch fait songer à du grand classique de la littérature ado. La cabane au fond des bois, un trésor partagé (des livres et des revues de SF piquées au nez et à la barbe de Vogel le libraire), les clopes loin du contrôle parental, des BN et des gourdes pour soutenir l’effort. La relation aux parents elle-même, dans cette ville terne de l’Essonne, joue évidemment sur la liberté de sortie. Francis se fait tabasser à son retour parce qu’il empeste la fumée et qu’il oublie à chaque fois de mâcher du pain à l’ail pour cacher sa tabagie. Hugo n’est pas beaucoup mieux loti : il ne croise guère sa mère dépressive et se méfie de son