Menu
Libération
Polar

«La bête qui sommeille» ou la barbarie à l’œuvre

Article réservé aux abonnés
Dans un texte d’une violence radicale, l’auteur américain Don Tracy explore le phénomène du racisme et le pouvoir démultiplicateur de la rumeur
La barbarie est à l’œuvre dans ce livre terrible, puissant, contemporain, où le lynchage est décrit minute par minute dans des hurlements de jouissance. (kali9/Getty Images)
publié le 16 juin 2024 à 10h39

Retrouvez sur cette page toute l’actualité du polar et les livres qui ont tapé dans l’œil de Libé. Et abonnez-vous à la newsletter Libé Polar en cliquant ici.

L’Américain Don Tracy n’est pas un romancier inconnu lorsqu’il propose à son éditeur un nouveau manuscrit, La bête qui sommeille. Jugé trop violent, il est refusé par le comité de lecture et finalement publié en Angleterre en 1938, puis dans la collection «Série noire» en 1951. Comme le rappelle Michael Belano dans sa préface, des auteurs comme William Faulkner dans Sanctuaire (1931) ou Horace McCoy avec Un linceul n’a pas de poches (1937) ont déjà abordé avant lui le thème du racisme aux Etats Unis. Mais le texte de Don Tracy est d’une violence radicale, d’une cruauté directe, qui secouent le lecteur, aujourd’hui encore.

Dans un petit village modeste du Maryland, le mois de novembre est déjà froid et le ciel gris annonce la neige. Le vieux Burroughs vend à Jim, un jeune noir alcoolique, un cruchon de whisky de maïs. Il le cède plus cher qu’aux clients blancs mais rien de surprenant chez ce commerçant ni plus ni moins raciste qu’un autre. J