Menu
Libération
Librairie éphémère

«La Bibliothèque de minuit» de Matt Haig lu par Tatiana Lafarge, conseillère de vente

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Chaque semaine, une lectrice ou un lecteur chronique un coup de cœur. Cette semaine, un lieu où le temps et l’espace semblent n’avoir aucune limite.
Extrait de la série «The Elusive Years», 2012. (Mauricio Alejo)
par Tatiana Lafarge conseillère de vente
publié le 4 février 2024 à 11h08

S’il n’avait pas fait si chaud ce jour-là, et que je ne m’étais pas réfugiée dans la fraîcheur d’une librairie, peut-être n’aurais-je jamais acheté ce livre. Qui sait comment ce manque aurait altéré mon existence ? Un événement aussi anodin peut-il changer le cours d’une vie ? C’est la question qu’aurait pu se poser Nora Seeds, 35 ans, lorsqu’elle entre dans la bibliothèque de minuit, un lieu où le temps et l’espace semblent n’avoir aucune limite. C’est «une bibliothèque aux étagères sans fin. Où chaque livre offre une chance d’essayer une autre vie que tu aurais pu vivre. Une occasion de voir comment cela se serait passé si tu avais fait d’autres choix… Aurais-tu fait autre chose, si tu avais eu la possibilité d’effacer tes regrets ?»

Nora Seeds porte ses échecs comme l’aurait fait Atlas dans la mythologie grecque. Toutefois, elle finit par se laisser écraser par leur poids car «c’est le regret qui nous fait nous recroqueviller sur nous-même, nous ratatiner, et nous sentir comme notre pire ennemi et celui des autres». Loin d’être une héroïne charismatique, il y a en elle une banalité propre à chacun d’entre nous. On a tous de grands rêves qui traînent dans le grenier de notre mémoire. On y repense parfois en se demandant ce qu’aurait été la vie en les poursuivant. Sur le point de mettre fin à ses jours, Nora se retrouve coincée dans cette étrange bibliothèque. Une dame âgée au discours énigmatique et au visage familier lui propose une seconde chance. Chaque liv