Médecin-aspirant au 3e régiment étranger d’infanterie pendant son service militaire dans les années 90, Fred Léal en a rapporté Selva ! (2002). Le titre fait allusion à la forêt amazonienne qui couvre la Guyane où ce régiment est cantonné et le livre restitue la bande-son d’une «popote», version déjantée du banquet d’officiers, défouloir pour grandes gueules, aussi arrosé que la forêt tropicale. En 2013, il a été suivi par Asparagus qui anticipe le cadre de la Décollation du raton laveur.
De quoi parle-t-on ici ? Du quotidien d’une garnison à Kourou et d’une infirmerie militaire où, entre ses packs de Heineken et des sorties ironiques dignes de M*A*S*H., le toubib anar Rod Loyal veille au paludisme et panse les blessés du centre d’entraînement commando de la jungle. Entouré de ses infirmiers, «casse-berles en treillis» venus de tous pays, Loyal rumine, gueule, picole et se fait souvent chier. Aussi la prose de Léal n’est-elle ni académique ni «littérairement correcte» ; le texte est éclaté sur la page, stratigraphié de propos tatoués. Une rose des vents de langues parfois en VO, d’accents contraints par la prosodie réglementaire mais toujours explosés par l’