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Roman

«La Décollation du raton laveur», fusée d’art moderne

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Le cahier Livres de Libédossier
Fred Léal brosse le portrait d’une troupe de légionnaires basée en Guyane, dont l’un des membres rêve de s’envoler en passager clandestin dans «Ariane 5».
Base de lancement de la fusée Ariane à Kourou (Patrick Aventurier/Getty Images)
publié le 6 juillet 2024 à 10h46

Médecin-aspirant au 3e régiment étranger d’infanterie pendant son service militaire dans les années 90, Fred Léal en a rapporté Selva ! (2002). Le titre fait allusion à la forêt amazonienne qui couvre la Guyane où ce régiment est cantonné et le livre restitue la bande-son d’une «popote», version déjantée du banquet d’officiers, défouloir pour grandes gueules, aussi arrosé que la forêt tropicale. En 2013, il a été suivi par Asparagus qui anticipe le cadre de la Décollation du raton laveur.

De quoi parle-t-on ici ? Du quotidien d’une garnison à Kourou et d’une infirmerie militaire où, entre ses packs de Heineken et des sorties ironiques dignes de M*A*S*H., le toubib anar Rod Loyal veille au paludisme et panse les blessés du centre d’entraînement commando de la jungle. Entouré de ses infirmiers, «casse-berles en treillis» venus de tous pays, Loyal rumine, gueule, picole et se fait souvent chier. Aussi la prose de Léal n’est-elle ni académique ni «littérairement correcte» ; le texte est éclaté sur la page, stratigraphié de propos tatoués. Une rose des vents de langues parfois en VO, d’accents contraints par la prosodie réglementaire mais toujours explosés par l’