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Court, serré, cinématographique, le roman noir de Guillaume Guéraud est dédié à Sam Peckinpah et Johnnie To, deux génies de la mise en scène efficace et sophistiquée qui vont droit au but. Un bel hommage en 180 pages, situé dans un rade pourri, sans doute dans le sud, un jour de grosse chaleur. Habituellement, le lieu est désert, presque abandonné, mais aujourd’hui, on s’est donné le mot. Au fond, il y a un vieux mollasson qui boit du thé dans un coin en plissant les yeux. Dehors, on aperçoit Slimane, un jeune flic suffoquant dans sa voiture. Il guette son chef, le Panda, qui l’oblige à rester sans bouger. «Sa mission : observer-surveiller-prévenir.» On ajoute des voyous, bien sûr. Ils vont débarquer en même temps que des touristes, la serveuse, le patron, un tueur à gages et un truand répondant au doux nom de Kazmir, ce qui fait rire Slimane.
Il n’y a pas de hasard, mais un rendez-vous, des règlements de compte et des victimes collatérales quand les trajectoires de balles transforment une journée d’été en carnage. Changeant de point de vue à chaque chapitre, commençant par la fin, donc la tuerie, le romancier ralentit, accélère, se fend d’un gros plan sur un verre d’eau avec glaçons, rend hommage aux films noirs, soigne son écriture comportementale et ses références littéraires de bonne facture. Le lecteur ne lâche rien, pris par le rythme rapide comme un coup de feu sorti d’un fusil à pompe Winchester au canon scié. On est épatés par la construction qui, l’air de rien, est finaude. Face aux énormes thrillers jouant continuellement les poids lourds, la Dernière Etape fait un bien fou.