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Roman

«La dernière joie du monde», de Bernardo Carvalho : virus et coutumes

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Un voyage initiatique en temps de pandémie par le romancier brésilien.
Bernardo Carvalho, à São Paulo, en 2016. (Julia Moraes)
publié le 26 janvier 2024 à 12h39

Soudain, une étudiante noire en colère dit au médecin qu’elle avait choisi comme directeur de thèse et qu’elle envoie paître parce qu’elle ne voit plus en lui qu’un vieux con à l’intelligence caduque, et même nocive : «Ce monde est plus bête ? Peut-être. Nous sommes plus médiocres ? C’est possible. Mais c’est le commencement d’un temps nouveau et tout ce que vous avez à dire fait partie du passé. […] Le monde que vous regrettez n’existe plus.» Maintenant, dit-elle, il est temps de comprendre que «c’est justement parce qu’elles sont considérées comme impossibles que les choses arrivent sans qu’on les voie venir. Des choses inconcevables, absurdes». Et d’abord, en attendant la révolution, le virus et la pandémie. Dans la Dernière Joie du monde, le septième roman traduit de Bernardo Carvalho, celle-ci débute juste après la séparation sans drame d’une femme, écrivaine, et de son mari, lequel disparaît dès la première page.

Un soir avant le Covid, l’écrivaine fait l’amour dans le parking avec un étudiant ; et elle tombe enceinte. La pandémie surgit, l’étudiant disparaît, l’écrivaine ne sait comment le retrouver, l’enfant naît, le confinement se relâche, elle retrouve par hasard l’étudiant, il disparaît de nouveau sans savoir qu’il est