D’un devoir sans fautes ou d’un électrocardiogramme sans anomalies, le professeur ou le médecin n’ont presque rien à dire. Le positif fait taire, le négatif fait parler. Les livres d’histoire décrivent guerres, grèves ou insurrections, les traités de médecine infections et ulcérations. Que serait une «histoire de la paix», sinon la recension des jours où on a signé un arrêt des hostilités ? Et que peut bien être une «histoire de la santé», si «être en bonne santé» est justement n’avoir ni ennuis ni histoires ? C’est donc plein de curiosité qu’on se saisit de l’ouvrage de Jean-David Zeitoun, la Grande Extension : histoire de la santé humaine, mais avec, en plus, la petite crainte d’y découvrir en fait une histoire des maladies – d’autant que l’auteur, certes diplômé de Sciences-Po, est médecin, docteur en épidémiologie clinique. Le soupçon est levé dès les premières pages, où il est dit sans ambages que l’histoire de la santé n’est pas l’histoire de la médecine, que «la santé n’est déterminée qu’à 10-20 % par la médecine», et que ses principaux déterminants, outre les conditions de vie, sont le comportement, l’environnement et la biologie, «c’est-à-dire en gros l’âge, le sexe et notre génétique». Suivre la «grande extension» de la santé – enclenchée à partir de 1750, quand «chaque génération a pu vivre un peu plus que la précédente et préparer la suivante à vivre encore plus longtemps» – exige donc que l’on convoque tout à la f
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«La Grande Extension», l’espérance dévie
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Le groupe pop KBG84, à Okinawa, en 2015. Les musiciennes de la formation affichent 84 ans de moyenne d’âge. (Toru Yamanaka/AFP)
par Robert Maggiori
publié le 2 juin 2021 à 18h59
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