C’est intrigant un chercheur français qui s’intéresse à Alfred Russel Wallace, naturaliste gallois de la trempe de Darwin, qui a tiré de ses découvertes la même conclusion que lui au même moment, l’évolution par sélection naturelle. Pourtant, le premier, auteur de l’Archipel malais consacré à son voyage en Indonésie, n’a pas eu la même reconnaissance que le second. Dit-on «wallacien» comme on dit «darwinien» ? Les premières pages du roman d’Agnès Mathieu-Daudé esquissent le départ de Wallace pour l’Amérique du Sud avec l’entomologiste Henry Walter Bates, à 25ans et plein d‘optimisme. C’est une mise en abyme : ces premières pages appartiennent à la biographie en cours d’Amos Picard, le narrateur et biologiste. La fin de ce chapitre attire l’attention, il fait écho au titre : «Il contribuera au passage à inventer ce que deviendra la biogéographie, expliquant pourquoi certains organismes sont là et d’autres ne sont pas là. Thomas Huxley nommera cette frontière “ligne Wallace” en 1868, tout en modifiant légèrement son tracé au passage. Comme quoi les lignes ne sont pas immuables.» Il y a, en somme, des frontières infranchissables pour certaines espèces, mais pas toutes.
De Wallace ensuite, il en sera question de manière savamment distillée tout au long du livre. Car le projet ne visait pas à réaliser le travail d’Amos à sa place. Le héros de cette histoire canne un peu sur son texte, réclamé avec insistance par une éditrice moins soucieuse de fa