La concentration influe-t-elle sur l’avenir de littérature ? L’OPA de Bolloré contre Lagardère pour récupérer Hachette Livre, numéro 1 de l’édition en France, en plus d’Editis, numéro 2, met depuis un an le milieu de l’édition en effervescence. Même si le magnat breton animé d’un «combat civilisationnel» semble renoncer à son rêve de fusion devant la bronca d’éditeurs, de libraires et in fine le présumé veto de Bruxelles, et annonce vouloir céder Editis pour garder le leader, la menace plane toujours ; et les récents mercatos dans les maisons de son groupe comme la suspension de titres qui pourraient le gêner glacent. Ce n’est pas nouveau, Charles Baudelaire en 1861 pointait déjà les risques de la concentration et de ses cuisines peut ragoûtantes : «Avec l’achat de la Librairie Nouvelle […] la maison Michel Lévy frères devient des plus considérables. On a soulevé à cette occasion une question fort délicate : celle de savoir si, à moins de clause expresse, une propriété intellectuelle peut passer de Pierre à Paul ; si, par exemple, un auteur qui a voulu s’engager primitivement avec M. Bourdillat, le concessionnaire, et non avec M. Lévy, peut, sans être consulté, être vendu à celui-ci par celui-là…» Cent ans après le poète, l’écrivain catholique François Mauriac dénonçait la vente des auteurs d
Essais
La littérature bouffée par le capital
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Dans une bibliothèque publique à Tianjin, dans le nord de la Chine, en 2017. (Bai Yu/XinHua. SIPA)
publié le 22 septembre 2022 à 7h43
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