C’est un jeu aux règles simples. Le plus petit, enfermé dans sa chambre, tape à la fenêtre pour attirer le regard de Daniele et marteler, syllabe après syllabe, «CO-CU». Aucun sous-entendu à y voir. Si Daniele décampe, le premier campe en collant son nez aquilin à la vitre. Sa longueur semble exagérée par rapport à ses «yeux […] enfoncés au-dessus de ses pommettes saillantes» et à ses joues creusées. Daniele se sent «particule illégitime» face à lui. Car Toc Toc est un patient de l’hôpital pédiatrique Enfant-Jésus, propriété du Vatican et Daniele, un des hommes d’entretien passant ses nuits à nettoyer ces surfaces usées, l’échine courbée. Les muscles sculptés par les mouvements «lents et précis», les mains desséchées par la cire, on dirait l’un des raboteurs de parquet peints par Gustave Caillebotte. Il dit dans la Maison des regards, son deuxième récit autobiographique : «Les gestes mécaniques […] me permettent de réfléchir sans tomber sous le coup de l’angoisse, peut-être parce que le mental est occupé à gérer le corps, pris par les actions à accomplir, et qu’il ne peut donc plus se concentrer sur les pensées.» Le produit imprègne sa peau, il es
Roman
«La Maison des regards» de Daniele Mencarelli, rédemption à l’hosto
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Le cahier Livres de Libédossier
Daniele Mencarelli. (Guido Fua)
publié le 7 juin 2024 à 12h47
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