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Roman

«La Maison du Diable» de John Darnielle, Satan de saison

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Le cahier Livres de Libédossier
Le roman est un conte enfiévré du musicien américain, autour d’un meurtre perpétré dans les années 80 par une bande d’adolescents désœuvrés dans un ancien sex-shop.
John Darnielle. (Lalitree Darnielle)
publié le 21 décembre 2024 à 0h59

«Célébrons ensemble le mystère de la foi.» John Darnielle n’a pas mis les pieds dans une église depuis des décennies, mais cette injonction du missel romain éclaire l’ensemble de son œuvre – et plus particulièrement encore la Maison du Diable, troisième roman sorti cet automne chez Le Gospel. Fascinant carambolage de récits s’articulant autour de Gage Chandler, auteur de best-sellers «true crime» aux méthodes radicales (il part s’installer plusieurs mois dans la demeure où a eu lieu le crime pour s’en imprégner) et de son nouveau sujet de travail : un meurtre perpétré dans les années 80 en Californie, en pleine «panique satanique», par une bande d’adolescents désœuvrés dans un ancien sex-shop. A cette trame centrale, vont se greffer, dans un affolement exponentiel, comme des taches d’humidité contaminant une façade immaculée, des extraits du livre précédent de Chandler, une lettre, un portrait, des souvenirs et même une chanson de gestes écrite dans le plus pur style médiéval – seul moment de cet ingouvernable méli-mélo qui semble à première vue forcé, superflu, mais contient en vérité tout le cœur et l’âme de la Maison du Diable, hommage revendiqué aux Contes de Canterbury de Chaucer, tendu tout entier par cette indécrottable obsession du «mystère de la foi», ce besoin de s’abandonner tout entier à un narrateur, aussi défaillant soit-il.

Couches narratives superposées avec un soin maniaque

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