Avec Deux vies (Philippe Rey, 2023), l’Italien Emanuele Trevi célébrait ses amis morts, les écrivains Pia Pera et Rocco Carbone. Il montrait comment, en chacun d’entre eux, s’affrontaient des forces contraires. C’était plus ou moins profond, Rocco Carbone étant bipolaire. «Par quel mystère renfermons-nous tant de traits aussi inharmonieux et contrastés, à l’image de vieux tiroirs où les objets s’entassent en vrac sans le moindre critère ?» écrivait alors Emanuele Trevi, qui ouvre de tout autres tiroirs dans la Maison du magicien.
A la mort de leur père, un psychanalyste renommé, Trevi et sa sœur essaient en vain de vendre l’appartement, quatre-vingt-dix mètres carrés dans un quartier résidentiel de Rome. Les visiteurs se succèdent et ne reviennent jamais, «percevant sans doute une odeur de poisse dans ce vieux bateau obscur». Les acquéreurs potentiels qui prennent la fuite ne peuvent pas le savoir : il ne s’agit pas de poisse, mais de vibrations. Elles émanent de «l’antre» où tant d’âmes blessées sont venues confier leurs tourments au «guérisseur», au «magicien». Comme si