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Roman

«La Maison vide» de Laurent Mauvignier : infamie familiale

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De Firmin à Marguerite, celle par qui le malheur arrive, le romancier remonte la lignée de ses aïeux.

Laurent Mauvignier, à Paris, le 7 mai. (Mathieu Zazzo)
ParClaire Devarrieux
Journaliste - Livres
Publié le 29/08/2025 à 11h43

Dans Quelque chose d’absent qui me tourmente, livre d’entretiens qui accompagne la sortie de son nouveau roman, Laurent Mauvignier explique comment il travaille à ce que ses personnages deviennent des personnes. Balzac sur son lit de mort (on tient ce récit d’Octave Mirbeau) réclame Bianchon, médecin dans la Comédie humaine : «Sans me comparer à Balzac, je pense que, avec les années, mes personnages auront le même degré de réalité dans ma vie que certaines personnes que j’ai pu connaître. C’est ça qui compte pour moi, et s’il y a un endroit où le lecteur et l’auteur peuvent se rencontrer, c’est peut-être par là.» Avec la Maison vide, œuvre monumentale, il procède en sens inverse. Il part de personnes réelles pour en faire des personnages. Nous ne sommes pas près de les oublier, ne serait-ce que parce que nous passons beaucoup de temps en leur compagnie.

Que faire lorsqu’on est l’héritier d’«allusions» et d’«anecdotes» ? «C’est parce que je ne sais rien ou presque rien de mon histoire familiale que j’ai besoin d’en écrire une sur mesure, à partir de faits vérifiés, de gens ayant existé, mais dont les histoires sont tellement lacunaires et impossibles à reconstituer qu’il faut leur créer un monde dans lequel, même fictif, ils auront eu une existence.» La Maison vide, qui fait résonner les voix du passé dans une vraie maison, fermée depuis vingt ans lorsqu’elle est réouverte en 1976, a des «motivations souterraines» : poser