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Récit

«La Nuit sur commande» de Christine Angot : la Bourse et la vie

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Le cahier Livres de Libédossier
Invitée à passer une nuit au sein de la collection Pinault, l’autrice décrit au fil d’un livre dense et vif sa difficile intégration dans le petit monde parisien de l’art.
L'écrivaine Christine Angot à Paris, le 11 mars 2025. (Lucile Boiron/Libération)
par Claire Devarrieux et photo Lucile Boiron
publié le 12 mars 2025 à 16h18

On dîne chez Sophie Calle, qui reçoit une fois par semaine autour d’un poulet rôti. On dîne chez Catherine Millet et Jacques Henric, où on parle de sexe, de littérature, et d’autres artistes que chez Sophie Calle. Il y a une table Knoll et une compression de César dans l’entrée. L’usage des patronymes, dans la Nuit sur commande, le livre de Christine Angot dans la collection «Ma nuit au musée», est en soi un régal. Ils situent un monde et ses repères. Il sera question de pouvoir, de cote, de surface sociale. Et on se rendra en temps voulu à la Bourse de Commerce, à la «Pinault Collection». Sophie Calle : «Elle habitait une grande maison avec un jardin en proche banlieue. Annette Messager et Christophe Boltanski étaient ses voisins. Ses meilleurs amis étaient Jean-Michel Othoniel, Johan Creten et Bernard Frize.» C’est Paris. On passe aux prénoms. La phrase suivante commence par un alexandrin délicieux : «Jean-Michel n’était pas encore chez Perrotin». Nul besoin de savoir qui est Perrotin. On comprend tout de suite l’enjeu. Bienvenue dans les milieux de l’art.

Nous autres, lecteurs et lectrices, sommes des provinciaux. Comme l’écrivaine elle-même, à une époque, rappelle-t-elle, où ce mot n’existait pas pour les femmes écrivains. Les cinq années que Christine Angot passe dans l