Pour un peu on irait en chantant. A la mort je veux dire. La sienne et celle des autres, même des autres qu’on chérit. C’est ça l’effet invraisemblable que produit la lecture de ce livre. Delphine Horvilleur est une extraterrestre. Ou plutôt une ultra-humaine. Ce serait inélégant de qualifier cette très belle femme de passerelle, ou de pont, et pourtant cette infatigable voyageuse de l’entre-deux mondes semble avoir une relation si intime avec la vie et la mort, qu’elle réussit à nous convaincre, mieux, à nous faire ressentir, que cette dualité est une affaire très simple et en aucun cas terrifiante ou épouvantable. Avec elle la condition humaine perd du poids, perd ce que chantent les poètes et les anonymes depuis la nuit des temps : la tragédie. Elle ne la nie pas, la tragédie, elle propose de l’accueillir comme un élixir de vie, comme une potion magique qui nous rendrait fous amoureux de la vie. La vie et la mort ? Un ici et un ailleurs. Deux fois la vie en quelque sorte. Juste un changement de mot.
Et les mots, Delphine Horvilleur en célèbre la puissance à chaque page. Quand elle parle aux mourants et aux endeuillés. Quand elle décrypte en français ceux de la langue hébraïque pour en révéler – le mot révélation n’est pas vain – la richesse infinie et les résonances sur nos émotions les plus bouleversantes de vivants confrontés à la finitude.
«Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.» A rassasier sans doute, en effet. Mais à le rendre supportable, cert