La grille en bois ne s’ouvre pas. Il la pousse, rien n’y fait. Il met un coup de pied dedans, rien. Puis, il coulisse «la clenche vers la gauche et la grille s’ouvr [e] docilement». Bien que honteux, Miro ne perd pas ses moyens : à ses pieds, deux sacs de voyage remplis de billets de banque. Il ne dit rien, laisse Athos et Tito faire. Le premier s’exclame, flingue factice braqué : «Suivez les instructions. Nous ne voulons faire de mal à personne et nous ne voulons pas de votre argent. […]. A savoir celui que la banque vous vole tous les jours.» A l’extérieur de la Caisse d’Epargne de la Piana, une bagnole vieillotte qui ne démarre jamais au quart de tour les attend. Romano, le conducteur file avec une fille quand il entend les sirènes. Pas le genre à se faire prendre ; les autres vont piquer un vélo ou se précipiter dans le bus arrêté «avant d’atteindre son terminus».
Enlèvement d’un armateur
Depuis le début, le mot d’ordre des Ravachol — du nom de l’anarchiste français de la fin du XIXe siècle — est de se battre contre «l’Etat, suppôt du grand capital» pour donner «tout le pouvoir au peuple». Après la théorie, ils sont passés à l’action : leur entrée en scène remonte au 18 avril 1975 avec l’enlèvement d’Alfredo Zama, «un armateur local très connu et très riche», puis jusqu’en 1980, ils glissent peu à peu des pages politiques des journaux à celles des faits divers. Ces «anarchistes ou communistes» continuent avec le kidnapping du juge Altieri, o