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Histoire

La Révolution hors de Paris : Orléans, ça ira, ça ira

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A l’opposé d’une vision exclusivement parisienne de la période, Pierre Serna démontre comment les événements révolutionnaires se sont joués aussi dans les autres villes françaises, prenant l’exemple d’Orléans.
«Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans», illustration de 1794. (La Collection)
publié le 1er janvier 2025 à 22h38

La Révolution française, c’est entendu, est d’abord une affaire parisienne. Elle a cependant des déclinaisons particulières dans toutes les villes de France. C’est ce à quoi réfléchit Pierre Serna depuis Orléans.

Dans cette ville, la Révolution commence très tôt, dès le mois de mai 1789, alors que la réunion des états généraux commence à peine, avec une révolte populaire contre le manque de grains. Dès septembre éclate une nouvelle émeute mais, désormais, les colères s’expriment dans un langage politique nouveau, exigeant au nom du «droit des gens» un prix juste pour le pain et le sel. «Le pays est entré dans la Révolution des droits.» De façon moins spectaculaire mais essentielle, la fin de l’année 1789 voit la création des communes et des départements, le maire élu incarnant une décentralisation du pouvoir sur laquelle insiste l’historien, à l’opposé de la vision trop simpliste d’une Révolution perçue comme seulement jacobine. En 1790, à Orléans comme partout en France, se multiplient les élections pour mettre en place les nouvelles administrations. Cette année-là est aussi un moment d’apprentissage de la vie politique, pour les femmes comme pour les hommes, avec la création d’une société populaire et patriotique, sur le modèle du club parisien des Jacobins, afin de défendre les acquis de la Révolution. Par ailleurs, la vente comme biens nationaux des an