C’est un livre labile et joyeux, difficile à capturer. Construit en double hélice autour de deux voyages avec des adolescents : l’un au Vietnam et l’autre en Nouvelle-Calédonie. Un récit qui fait des allers-retours, qui est «same same» comme s’intitule sa troisième partie «… but different», dit la quatrième et dernière. Une non-fiction un peu narrative et très poétique, où le sens se soumet à la logique des sons et des rythmes. On y trouve des métriques ad hoc («Pour suivre une direction, il faudrait avoir un plan. Je n’ai rien d’autre que des antécédents») et des paysages de mots drôles : «Près de vingt hectares d’éducation nationale tombent droit sur l’eau salée.» Parfois, l’idée naît d’une allitération : «Que pensait-il de la valse des tortionnaires et de la sainte variation des usages ? Son visage au regard sage dans l’entrée de la maison…»
Interview
Donc, on flotte, c’est un livre de bord. L’auteur part avec des élèves du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis, dans le «9-3», en voyage scolaire. Ils sont une entité, pour eux comme pour les autres : «les pauléluards». Truong a enseigné il y a longtemps dans cet établissement. Un de ses anciens collègues lui propose d’accompagner les groupes : peut-être parce qu’il le sait sociologue, observateur des «jeunes de banlieue». Pour la Nouvelle-Calédonie, ce sont des filières générales. Quatre ans plus tard, pour le Vietnam, qui est le «demi-pays» de Truong, des garçons de la filière technologie.