Le Dernier Bain de Gustave Flaubert dit l’au-delà de Flaubert. Tout en s’en faisant l’imaginatif biographe, Régis Jauffret raconte à la fois Flaubert mort et une quintessence de l’écrivain, ce qu’il représente à un point presque ridicule – le soldat des tranchées du langage, le guerrier de la phrase tombé au champ d’honneur de la littérature. La vie de Flaubert, c’est «plus de vingt et un mille jours» à gueuler entre le 12 décembre 1821 (bicentenaire de naissance à célébrer bientôt) «où sortant tout gluant de ma mère j’ai poussé la première gueulante de ma vie» et le 8 mai 1880 qui achève cette «gueulerie» permanente.
Le livre a deux parties, «je» quand c’est Flaubert qui est censé parler, puis «il», plus trente pages en petits caractères intitulée «Chutier» où on trouve ce que Régis Jauffret a déjà utilisé ou qu’il n’a pas intégré, telle une documentation à la Flaubert. Dans «je» : «Désormais aucune phrase ne me résistait. J’avais l’impression de casser chaque mot comme une coque dont en guise d’amande le sens se trouverait caché dedans.» Si ce n’est que le prétendu narrateur est alors encore enfant et, quelques pages plus tard : «Je me rends compte aujourd’hui que manquera toujours à mon œuvre un grand livre où j’aurais déposé soigneusement mes souvenirs d’enfance comme des fleurs séchées entre les pages d’un herbier.» Depuis cent quarante ans qu’il est mort, le Flaubert de Régis Jauffret a eu le temps de voir ses bêtises (usage imm