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Libération
Dans les pas d'Arsène (5/6)

L’abbaye de Jumièges : envie d’y cloître

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La fresque lupinienne n’est rien sans l’herbe grasse et les vaches dodues du paisible pays de Caux. Aujourd’hui, l’abbaye de Jumièges.
(Kévin Deneufchatel/Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 19 août 2021 à 1h46

Carte au trésor, joie enfantine, codes et rébus à déchiffrer, plaisirs intellectuels, c’est la recette du succès de toute aventure de Lupin. Messieurs du Da Vinci Code et autres énigmes, bas le chapeau devant le maître précurseur du roman ésotérique, Maurice Leblanc. Tout y est déjà, il suffit de demander, comme Arsène Lupin dans la Comtesse de Cagliostro, «du papier de paille fine, une plume de colibri, le sang d’une mûre noire et, comme écritoire, l’écorce d’un cédrat, ainsi qu’a dit le poète». Son terrain de jeu ? Le pays de Caux. Qu’il en fallait de l’imagination pour y imaginer un triangle d’or et d’aventures, entre Dieppe, Le Havre et Rouen, dans cette aube triomphante du XXe siècle, aux Panhard rugissantes et aux locomotives crachotantes. Histoire de France, géographie et géométrie convergent et se distordent, pour construire des logiques apparemment imparables.

Gourdes, ces moines du Moyen-Age, s’amuse dans la Comtesse de Cagliostro celui qui deviendra le gentleman-cambrioleur, mais aussi des «poètes ingénus et charmants», et il badine, espiègle, jouant avec les nerfs de son lecteur, lui qui sait où le trésor est caché. «Quelle jolie pensée d’associer à leurs biens terrestres le ciel même.» Le voilà qui dessine une carte et miracle : les sept abbayes du pays de Caux forment la Grande Ourse, astres de pierres et de roc. Ce qui est presque vrai géographiquement, et c’est dans le «presque» qu’est tout le bonheur. Dans cette constellatio