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C’est une Amérique armée jusqu’aux dents que Peter Farris nous décrit dans son nouveau roman, Laissez-moi brûler en paix. Un pays où chacun, quel que soit son âge ou son sexe, possède un flingue voire plusieurs. Prenez Sallie Crews. Après une expérience compliquée chez les flics dans une unité d’intervention, là voilà patronne, à 40 ans, d’une école de tir où «elle apprend aux mères au foyer à se servir d’une arme». Sallie ne s’est jamais remise d’une intervention musclée, et complètement foireuse, qui s’est terminée par la mutilation d’un enfant, blessé dans son berceau par une grenade lancée à l’aveugle. La bavure était évidente mais le chef des forces spéciales et son équipe n’ont jamais été inquiétés car on se tient les coudes, en particulier chez ces policiers d’élite. L’enfant a grandi dans la souffrance, le visage ravagé, porté par un désir de vengeance qui ne fera que croître.
L’enquête est presque classique mais le traitement par Peter Farris ne l’est pas. L’auteur du formidable le Diable en personne choisit de faire parler à la première personne Sallie Crews, de décrire sa vie mais surtout sa passion professionnelle pour son stand de tir. «On va s’amuser un peu, dis-je à tout le monde. Moi d’abord. Deux balles dans la tête, recharge, quatre balles dans le corps. On va commencer par un parcours de dix secondes. Si vous le faites en moins de cinq, je vous paie à dîner et je vous laisserai diriger le prochain cours…» Sallie est à la fois une force de la nature qui aime son Glock, son amoureux et son chien avant tout, mais aussi une femme brisée par sa mauvaise conscience. Autour d’elle, gravite une tripotée de sales types permettant à l’auteur de peindre sans aménité une société hyperviolente qui tire autant qu’elle respire. Peter Farris mène son roman tambour battant, mais il faut aimer les catalogues d’armes à feu et les démonstrations de démontage de «Wingshooter CZ» ou de Remington 1100 sous peine de lassitude. Heureusement qu’il y a le chien !