Menu
Libération
Histoire

L’ambiguïté originelle du droit des exilés

Article réservé aux abonnés
L’historienne Naïma Ghermani retrace les prémices de l’accueil des étrangers au XVIIe siècle, basé sur des motifs religieux mais aussi purement intéressés.
Gravure représentant l'exil des protestants quittant les villes après la révocation de l'édit de Nantes. (Leemage. AFP)
publié le 11 octobre 2023 à 16h47

L’invention d’un droit des exilés ne date pas des Lumières mais du XVIIe siècle, explique Naïma Ghermani. Le XVIIe siècle connaît de nombreux conflits politiques et religieux qui ont chassé hors de leur pays des centaines de milliers de personnes, des juifs séfarades fuyant la péninsule ibérique aux victimes de la guerre de Trente Ans en passant par les Vaudois ou les protestants. Le problème se pose du statut de ces populations migrantes à travers l’Europe qui cherchent une protection. Il existait bien à l’époque médiévale un droit d’asile, l’Eglise conférant une protection à certains fugitifs dans les églises ou les monastères. Mais ce droit était limité. Dès le XVIe siècle, les monarchies française et anglaise contestent la légitimité de ce droit d’asile ecclésiastique qu’elles voient comme un obstacle à leur propre justice.

Solidarité spirituelle

Du fait de leur durée et de leur violence, les persécutions contre les protestants français – depuis les années 1560, avec une accélération après la révocation de l’édit de Nantes en 1685 – sont emblématiques des problèmes que posent les exilés. Pour ces huguenots, le terme «refuge» s’impose rapidement (et de là le mot réfugié) pour désigne