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Littérature

«Langue paternelle» d’Alejandro Zambra : père persévérant

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans le roman de l’auteur chilien, l’apprentissage parental d’un homme élevé au coca et au foot, pendant les cinq premières années d’existence de son fils.
L'écrivain Alejandro Zambra,chez lui à Colonia San Miguel Chapultepec, à Mexico, en 2022.
publié le 16 mai 2025 à 14h21

Au trente et unième jour après la naissance de son fils, Alejandro Zambra, qui a alors 42 ans, écrit : «La naissance d’un enfant annonce un vaste futur dont nous ne ferons pas totalement partie.» C’est une lapalissade qu’il n’est pas inutile de rappeler et c’est une bonne nouvelle : quoi de plus désespérant qu’un futur qui ne nous survivrait pas ? L’écrivain chilien cite alors un texte de Julio Ramón Ribeyro, écrivain péruvien dont l’extraordinaire journal, la Tentation de l’échec, n’a toujours pas été traduit : «Sa dent qui pousse est celle que nous perdons ; le centimètre qui le grandit celui qui nous rapetisse ; les lumières qu’il acquiert, celles qui s’éteignent en nous ; ce qu’il apprend, ce que nous oublions ; et l’année qui s’ajoute est celle qui, chez nous, est soustraite.»

Zambra, l’auteur de Bonsaï et de Poète chilien, trouve que cette «belle pensée» est «biaisée», que son «côté trouble a rendu fous des millions d’hommes». Ils se retrouvaient pris, et beaucoup le sont encore, dans cet