Auteur de plus de soixante livres dans son pays, dont plus d’une douzaine adaptés au cinéma, Larry McMurtry avait encore bien plus de cordes à son arc. Poète, essayiste hors pair, book-scout et libraire extraordinaire, scénariste oscarisé sur le tard (Brokeback Mountain en 2005), cet intello fils d’éleveur s’est éteint jeudi dernier, à l’âge de 84 ans, chez lui à Archer City, la bourgade du Texas Panhandle où il est né en 1936, où il a situé quatre de ses romans, dont The Last Picture Show (la Dernière Séance), probablement son livre le plus connu à cause de l’adaptation qu’en fera Peter Bogdanovich en 1971, intégralement tournée là-bas aussi. Pendant longtemps sa librairie, Booked Up, jouxtait le cinéma Royal, la salle de la Dernière Séance dans le film.
Ironie du sort, il n’y avait pas un seul livre dans la maison paternelle jusqu’à ce qu’un cousin laisse une valise derrière lui pleine de romans d’aventures pour ados quand il avait sept ans. Le jeune Larry, qui n’a jamais aimé ni l’herbe ni le bétail, s’est mis à dévorer les bibliothèques depuis ce temps-là. A la fin des années 50, lui et son complice en binocles Grover Lewis étaient les hipsters du campus d’un collège inférieur près de Fort Worth. Ils éditaient la revue du campus et n’aimaient rien tant qu’émailler leurs écrits de mots français écorchés. Lewis choisit le journalisme (Rolling Stone), McMurtry l’enseignement. Il fut étudiant boursier à Stanford chez Wallace Stegner la même année o