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Littérature

«L’Atelier des poussières» de Marianne Alphant, philosophie du ménage

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Une écriture en va-et-vient, des listes (de prescriptions : «Eau de Javel, papier émeri, sel d’oseille») et un ballet de personnages obsessionnels ou corvéables.
Tiré d'un imagier pour les enfants, vers 1920. (LA COLLECTION)
publié le 30 mai 2025 à 14h40

Marianne Alphant va retourner la poussière, «l’éliminer, la contempler, l’élever, la comprendre». La simple poussière qui recouvre l’étagère, celle plus spectaculaire des suspensions atmosphériques après une éruption volcanique, celle des restes de la fin de l’existence. L’écrivaine ouvre sur un large flux d’idées. Elle réfléchit au sujet depuis un certain temps. «Il y a longtemps, dit-elle sur la vidéo du site de son éditeur P.O.L, je me suis dit que j’allais faire un livre sur le ménage, le ménage comme une activité quotidienne, routinière. Mais que je trouvais passionnante parce qu’il y avait de l’obsession, il y avait de la ritualité et puis il y avait une sorte de flot de pensée qui accompagnait les gestes du ménage.» L’Atelier des poussières dégage une vivacité pratique et un humour direct. Il manie aussi les accumulations de termes, une écriture en va-et-vient, en listes (de prescriptions : «Eau de Javel, papier émeri, sel d’oseille») et un ballet de personnages obsessionnels ou corvéables.

On y entend parler des manuels d’éducation de filles, la Jeune Ménagère pratique de Mme Boutier, ou de ceux de comtesses qui dictent des conseils pour dresser les serviteurs. «Demandez-vous un objet à un domestique ? Vous ne devez l’accepter que présenté sur un plateau.» Chacun sa place. Il y a aussi l’anti-manuel de Jonathan Swift édictant la manière de gâcher l’ouvrage : «caler la chandelle contre la boiserie avec un morceau de b