Tapez sur un moteur de recherche l’expression «Cent façons de…». Apparaîtront des livres dont les titres vont de Cent façons de disparaître à Cent façons de faire croire que vous travaillez sans rien faire, en passant par Cent façons de rendre son enfant autonome et Cent façons de mourir. Se dégage de cette liste un air de mode d’emploi. Le texte qui nous intéresse ici s’intitule 101 façons de tuer son mari. Sous-titre : Variations. Il pourrait donner des idées de meurtre, mais ce n’est pas le projet des autrices, deux Finlandaises nées dans les années 1970. Leur texte expérimental n’est pas un guide, du moins pas directement. C’est un projet sophistiqué. Laura Lindstedt et Sinikka Vuola ont souhaité, en 2016, raconter une histoire dans laquelle une femme, et non pas un homme, pour une fois, assassinerait son conjoint au lieu d’être tuée par lui. Elles voulaient donc tordre le cou au crime passionnel, notion selon laquelle un homme qui vient d’être quitté par une femme a un geste fatal parce qu’il est désespéré, et c’est normal : une femme n’abandonne pas un homme. Cette fiction navrante est en perte de vitesse, depuis très peu de temps. Laura Lindstedt et Sinikka Vuola avaient en tête un modèle littéraire : Exercices de style, de Raymond Queneau, publié en 1947 chez Gallimard. Queneau y réécrit 99 fois la même histoire de 99 manières différentes. Elles ont décidé que leur ouvrage «se composerait d’une histoire-thème
Exercice de style
Laura Lindstedt et Sinikka Vuola, maricide à toutes les sauces
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Le cahier Livres de Libédossier
Les autrices ont également rédigé des pastiches et narrent l’histoire d’Anja et de Thorvald à la manière de Kafka, de Gertrude Stein, Norman Mailer, ou Nathalie Sarraute. (Mike Kemp/Getty Images)
publié le 25 avril 2025 à 15h15
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