Si la timide existe encore, elle se réfugie à coup sûr derrière de sombres et rondes lunettes de soleil. La lumière de la terrasse de poche nichée au cœur d’une cour parisienne n’est pourtant guère vive et n’a rien d’éblouissant en cet après-midi d’été agonisant. Plus tard, la monture sera pliée et posée sur la table en bois. Mais loin d’accrocher le regard, deux billes roulent dans le visage, avant de se dérober et de glisser vers les murs blancs. Derrière des mèches floues, Laura Morante n’a rien d’une frontale fatale. Longtemps, la timidité a été un mal virulent. «Des crises, des bouffées de panique, de la fièvre.» Au point, une fois, d’annuler une importante promo télé. Mais la timide s’est soignée.
Il reste une pudeur, une prudence, une mise à distance. Et l’élégance des habits sombres. «C’est un chat, elle ne fait pas de bruit», raconte Nicolas Bedos qui vient de la diriger dans Mascarade, un film annoncé pour 2022 où «elle incarne une femme bafouée par l’existence, qui va se venger», raconte le réalisateur qui la campe en «traqueuse» et «en rigoureuse».
Dans le paysage du cinéma italien, où s’épanouissent et rayonnent les voluptueuses et les solaires, les sulfureuses et les réfractaires (Monica Bellucci, Sophia Loren, Asia Argento, Monica Vitti, etc.), Laura Morante tient un rôle à part. «C’est un personnage intriguant, avec sa propre complexité, à la sensualité cachée, complète le critique Paolo Mereghetti. Il y a che