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Essai

Laurent Tillon, quand les chauves-souris dansent

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Le biologiste transmet dans «les Fantômes de la nuit» son attachement au mammifère volant, indispensable à la biodiversité.

Différents types de chauves-souris. En haut à gauche épomophore de Franquet, haut droite petite oxyrhine, milieu gauche grand rhinopome, milieu droite molosse de Cestoni, bas gauche trachope verrupeux, bas droite marin de Bechstein. Dessins de Laurent Tillon. (Laurent Tillon/Actes Sud)
Publié le 27/07/2023 à 6h25

Qu’y a-t-il de commun entre une pipistrelle pesant quelques grammes et un cachalot ? Pas simplement le fait d’allaiter les petits. Avec les Fantômes de la nuit, le biologiste Laurent Tillon offre une ode de 280 pages à la grande famille des chauves-souris, ces bestioles furtives des grottes, des caves et des forêts qui fréquentent l’homme depuis l’aube des temps. Réponse à la question ci-dessus : tous les deux ont un système d’écholocation très performant qui leur permet de se mouvoir ou de chasser dans le noir et vivent selon une organisation sociale tout aussi sophistiquée.

Laurent Tillon est biologiste et travaille pour l’ONF dans la forêt de Rambouillet. Depuis l’âge de 20 ans (il en a 44 aujourd’hui), il étudie les colonies de chiroptères, nom scientifique qui signifie «animaux dont la main est devenue une aile». Et son livre vient à point nommé pour redorer le blason de ces pauvres bêtes : la crise sanitaire du Covid a redonné aux chauves-souris une aura des plus sombres, elles hébergeraient des coronavirus apparentés.

La mauvaise réputation a toujours accompagné ces créatures de la nuit. Elles seraient des cousines des vampires –en fait elles sont presque exclusivement insectivores ou fructivores et une seule variété sous les tropiques s’abreuve du sang des grands bovins– et s’emmêleraient dans les longs cheveux des femmes. Laurent Tillon consacre tout un chapitre au lien entre les chauves-souris et les virus, et démontre comment les pratiques humaines réduisant