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Libération
Disparition

Alice Munro, plus de nouvelles

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L’autrice canadienne, qui a porté haut l’art du récit court et fut récompensée par le Nobel en 2013, est morte à 92 ans.
Alice Munro, le 10 octobre 2013. (SIPA USA /SIPA USA)
publié le 14 mai 2024 à 18h30

La mort d’un écrivain fait immanquablement gagner un titre sur les autres, celui qu’on garde en mémoire car il a, d’une manière ou d’une autre, résonné plus fort, fait synthèse ou jalon. La Canadienne Alice Munro, nobélisée en 2013 – et qualifiée cette année-là de «maître de la nouvelle contemporaine» par l’Académie suédoise –, laisse derrière elle une œuvre de 15 livres (14 recueils de nouvelles et ce qui s’apparente davantage à un roman) dans laquelle on peut aller piocher pour se faire idée de son territoire : l’Amour d’une honnête femme, Secrets de polichinelle, Trop de bonheur… A l’annonce de sa disparition, survenue dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 92 ans, dans sa maison de retraite de l’Ontario (Alice Munro souffrait de démence depuis une dizaine d’années), on pense en premier lieu à Fugitives (2004, traduit de l’anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso en 2008) dans lequel huit femmes s’en vont, partent, fuient – et reviennent parfois, mais toujours différentes.

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Née Alice Laidlaw en 1931 dans la bourgade canadienne de Wingham d’un père fermier qui la battait et d’une mère institutrice avec laquelle elle ne s’entendait pas, Alice Munro fut une petite fille solitaire et une adolescente secrètement révoltée. Elle publie sa première nouvelle, «Les dimensions d’une ombre», en 1950, lorsqu’elle est étudiante à l’université de Western Ontario – pendant ces mêmes années, elle rencontre son premier mari, James Munro. Quand elle divorce e