«Il suffit d’écouter les femmes.» Les mots de Simone Veil, défendant devant les députés la dépénalisation de l’avortement, semblent réactualisés par le 50e anniversaire de la loi qui, véritable rupture anthropologique, accorda aux femmes la maîtrise de leur fécondité. Mais la ministre, parce qu’en charge de la santé et non du secrétariat d’Etat à la condition féminine, ne plaida pas au nom de la liberté des femmes, évitant habilement l’hostilité de l’Assemblée si masculine. Elle évoqua leur détresse et le drame censé être cet acte, et ce à jamais, même sorti de la dangereuse clandestinité. Si cette stratégie permit la victoire politique, De haute lutte. La révolution de l’avortement démontre qu’elle limita la liberté des femmes obligées de justifier leur choix, de se soumettre à des entretiens psychologiques, voire au pouvoir médical, et de respecter des délais.
Un refus des normes de la domination masculine
Les témoignages s’accordent sur la nocivité de ces contraintes dissuasives : angoisses, hésitations, renoncements pour les plus fragilisées, mais aussi pressions des anti-avortement, de leurs associations à l’origine essentiellement animées par des catholiques. Aussi, la suppression de ces freins, entre 1992 et 2014 (loi Vallaud-Belkacem), est-elle fondamentale. Pour autant, l’activisme culpabilisateur des pro-vie s