La mer est affaire d’homme, assurément. Un univers hostile, viril osera-t-on, où la violence des éléments ne laisserait aucune chance à une fille. Chacun le sait. En la matière, le Capitaine est la référence. Un homme à l’épaisse barbe rousse que personne n’a jamais vu mais dont le portrait orne le mur du troquet. Un gaillard dont la légende peuple esprits et discussions. Une référence, sorte de Poséidon des mortels. Amalia n’y coupe pas. Elle aussi rêve de lui, de ses exploits, s’imagine voguant à ses côtés.
Mais Amalia est une fille. A fortiori, une petite fille.
Un matin pourtant, elle prend la mer. Armée de son bateau de papier, vulnérable esquif qui lui attire bien des moqueries, elle a un but : rejoindre le Capitaine. Imperméable au qu’en-dira-t-on, la voici voguant vers le large. Dans son élément, assurément.
Mais la mer est ingrate. L’aimer ne suffit pas pour l’apprivoiser. Et si tout le monde avait raison ? Et si Amalia était trop faible pour la puissance marine ? A moins que son pouvoir, celui de rêver, ne suffise à la sauver ?
Succession d’œuvres d’art ambiance sfumato
Le Bateau de papier est une poésie de bout en bout. Poésie que cette histoire de courage inconscient, de cette petite fille habitée par un univers onirique rien qu’à elle qui la protège des grincheux. Poésie que ces dessins, succession d’œuvres d’art ambiance sfumato, univers grandiose aux couleurs saisissantes, aussi sombres qu’éclatantes, selon l’enjeu. Un album qui n’est pas sans rappeler le Rêve de Jonas, jolie histoire d’un marmot agrippé à ses désirs de grand large. Une preuve de plus que les rêves d’enfants permettent de voir grand.