L’Allemande Grete Weil (1906-1999) n’avait jamais été traduite en France jusqu’à aujourd’hui, où nous découvrons le Chemin de la frontière. Mieux : ce roman d’envergure, le premier qu’elle ait écrit, est resté inédit jusqu’en 2022. Grete Weil a essayé de le publier après la guerre mais aucun éditeur n’en a voulu. L’universitaire Ingvild Richardsen a trouvé le tapuscrit à la Monacensia, qui abrite, à la bibliothèque municipale de Munich, des fonds littéraires importants.
Le Chemin de la frontière a été rédigé l’hiver 1944-1945 à Amsterdam, dans l’escalier glacial d’un grenier. Grete Weil vivait alors dans un immeuble où se cachaient plusieurs Juifs émigrés comme elle. Elle écrivait sur ses genoux, dans des cahiers, et a dactylographié le texte plus tard. Il est dédié «à la mémoire d’Edgar Weil, assassiné le 17 septembre 1941 au camp de concentration de Mauthausen». Grete Weil était d’une famille de la grande bourgeoisie juive assimilée de Munich, où son père était avocat. Elle avait épousé en 1932 son cousin Edgar Weil, et ils avaient choisi de quitter l’Allemagne en 1935. Edgar Weil partit le premier pour les Pays-Bas, rejoint par sa femme à la fin de l’année. Entretemps elle avait appris la photographie. Edgar Weil, dramaturge rattaché au théâtre de Munich, avait été arrêté au cours d’une rafle – on soupçonnait les théâtreux d’accointances avec la Russie soviétique − et mis en prison. Grete Weil et les siens sont parvenus à le faire libérer.
Traverser à skis de la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche
Klaus et Moni