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«Le Chœur des lions» de György Dragomán, l’art de la fugue

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Le cahier Livres de Libédossier
Des nouvelles habitées par la musique et l’enfance pervertie par la dictature.
La menace et l’absence des pères sont présentes au fil de plusieurs nouvelles, où mère et fils restent seuls. (Vincent Migeat /Vincent Migeat / Agence VU)
publié le 1er mars 2024 à 11h14

L’enfance domine les dix-huit nouvelles du Chœur des lions. C’était déjà le cas avec les deux romans de György Dragomán, le Roi blanc et le Bûcher, tous deux traduits chez Gallimard par Joëlle Dufeuilly, comme le présent recueil. On retrouve ici ces aventures drôles, inventives, qui pourraient évoquer celles du petit Nicolas de Goscinny et Sempé, si les histoires ne basculaient du côté des sortilèges. Il s’agit d’une enfance à la fois universelle et spécifique, pervertie par la dictature. Dragomán est né en 1973 en Transylvanie, la région de Roumanie où vit la minorité hongroise. Il a émigré en Hongrie avec ses parents en 1988. Auparavant, son père a été envoyé dans un camp de travail. La menace et l’absence des pères sont présentes au fil de plusieurs nouvelles, où mère et fils restent seuls.

Le régime, parfois, affleure incidemment : le chauffage ne marche pas l’après-midi. Un petit garçon, seul dans l’appartement, guette l’arrivée de l’ange dans le salon depuis la fenêtre de sa chambre, grâce au périscope fabriqué «avec des rouleaux de papier toilette et deux miroirs grossissants pour le rasage». L’ange est une figure importante. Raisonnement imparable : «Ce n’est pas le petit Jésus qui apporte les cadeaux et le sapin de Noël, mais l’ange. Il ne peut pas en être autrement puisque le petit Jésus est un bébé et ne pourrait do