Est-ce vraiment l’amour, le motif qui relie ces microfictions ? N’est-ce pas plutôt le temps et son épaisseur, sous le poids de laquelle on s’écrase chaque jour ? En exergue à ce recueil qui rassemble plusieurs des textes dont il nourrit son compte Instagram depuis quelques années, Nicolas Mathieu cite Victor Hugo : «J’appartiens sans retour à cette sombre nuit qu’on appelle l’amour.» Mais à chaque page, l’écrivain si doué pour saisir le quotidien tel que le façonne l’époque, si bon portraitiste des corps en mouvement, met des mots sur une usure, une fatigue, une impuissance partagées. Il rend sensible «cet empire de la vitesse et des petits arrangements», les exigences et le poids de la vie matérielle, «l’infernal trafic de sentiments». Oui, l’amour est souvent le sujet de ces fragments qui égrènent des difficultés et des pertes, mais le pire ennemi, c’est le temps. A cause de lui, les amants sont désaccordés : «Elle respire quelque part et je n’existe pas. Elle est heureuse et je regarde France-Pérou», écrit Nicolas Mathieu à propos d’une femme qui lui était «disputée» par un autre, une femme qui n’était pas libre et qu’il aimait. Les premiers textes du Ciel ouvert sont ceux qu’il a écrits pendant leur liaison : «En écrivant, j’inventais aussi l’amour entre nous.» A-t
Microfictions
«Le Ciel ouvert»: Nicolas Mathieu fidèle aux posts
Article réservé aux abonnés
Dessin d'Aline Zalko issu du «Ciel ouvert». (Aline Zalko)
publié le 9 février 2024 à 15h46
Dans la même rubrique