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Disparition

«Le ciel plein de nuages motocyclistes» de Jacques Réda

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Le cahier Livres de Libédossier
Le romancier et historien Bernard Chambaz rend hommage au poète et ancien directeur de «La Nouvelle Revue française» Jacques Réda, disparu lundi à l’âge de 95 ans.
Jacques Réda, à Paris, le 8 mars 2023. (Christophe Maout/Libération)
par Bernard Chambaz
publié le 5 octobre 2024 à 12h48

Jacques Réda partageait avec Michel Deguy le goût du solex. Mais, lui, il ne l’a pas laissé au bord du poème. Il l’a allégrement chevauché. Il avait l’âme heureuse, enfin, assez heureuse pour bénéficier des fulgurances de son maître helvète, Charles-Albert Cingria. «Il fait froid, mais le vent est avec nous. Moi, je ne regarde plus rien, je pédale. C’est si agréable !» Tout cela ne l’a pas empêché de marcher.

On ne retient parfois que Paris. Il faut reconnaître qu’il y a mis du sien, même s’il n’est pas le seul, dans les traces de Calet, un oncle débonnaire. Il en a arpenté les quartiers, les gares, les passages, en toutes saisons, comme en apesanteur. Mais il n’a pas hésité à franchir la ceinture des boulevards maréchaux, vers la banlieue, vers des couronnes plus lointaines, j’ai un souvenir de Bondoufle, et il lui est arrivé de remonter vers les sources de la Seine.

Le souvenir ébloui d’une page

Chacun a ses préférences, c’est la moindre des choses. Elles sont souvent liées à des circonstances et elles prouvent que