Déshonorer le contrat, qui est sous-titré Roland Barthes et la commande, est une sorte de Roland Barthes par Roland Barthes par Antoine Compagnon. Le professeur émérite au Collège de France né en 1950 utilise sa connaissance de l’œuvre et de l’homme dont il fut proche pour étudier Barthes sous un angle original, avec sa propre érudition qui suscite plus d’amusement que de pesanteur. Au demeurant, La littérature, ça paie (Equateurs, 2024), le précédent livre d’Antoine Compagnon, pouvait aussi être envisagé comme sortant d’une page du Plaisir du texte où Barthes, notant qu’une proportion considérable de Français ne lit jamais, regrette qu’on ne le déplore que comme un renoncement «à une valeur noble» et non comme le triste effet d’«un obscurantisme du plaisir». Déshonorer le contrat part du constat que Barthes «rêvait d’en finir» avec ce qu’Antoine Compagnon appelle «“le métro, boulot, dodo” de l’intellectuel», à savoir «l’éternel recommencement des articles». Tous les amis de Barthes «connaissaient par cœur le double discours sur la commande, qu’il vivait à la fois comme une peine et comme un bienfait, croce e delizia, ou comme une imposition et une incitation». A part Fragments d’un discours amoureux et son tout premier article, tout ce qu’a écrit Barthes semble bien avoir résulté d’une commande. Mais, de même que fut étudiée «la stratégie littéraire» de Proust (par Léon
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Le contrat, quel Compagnon pour Barthes
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Le cahier Livres de Libédossier
Roland Barthes en 1978. (Ulf Andersen/Aurimages. AFP)
par Mathieu Lindon
publié le 18 avril 2025 à 14h18
Enquête Libé
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