Dans un roman des rencontres miraculeuses et des coups du sort tragiques, Abdelaziz Baraka Sakin conte et tisse dans les replis sombres de notre époque l’épopée d’un migrant soudanais échouant dans la jungle de Calais avec son ami d’enfance, Nouri. Un unique désir obsède Adam Inguiliz : rejoindre ce paradis fantasmé qu’est l’Angleterre, au terme d’une longue route. Du ghetto de Venise à la gare de Graz, de la grouillante porte de la Chapelle au territoire maudit de la jungle, autant d’étapes piégées vers «la Terre promise» qui condamnent le héros à l’attente au «Purgatoire». Fracturé dans sa narration, le Corbeau qui m’aimait recompose par éclats la dérive chaotique d’un héros survolant de sa hauteur d’âme le monde réel à défaut de pouvoir l’habiter, mais riche de son humanité partout où la misère le renvoie au néant. Dans ce cercle dantesque, frange inaccessible d’un monde vivant au-dedans du nôtre, s’abîment des vies brisées chaque jour en mer et sur terre. Mais l’air, alors ? Fasciné par l’idéal abstrait d’un monde qui n’appartient qu’à l’intelligence des mots et des corbeaux, lesquels, selon la légende, ont la capacité de voler entre deux mondes, Adam semble flotter dans une réalité soumise à des mondes parallèles, que sa tentative ratée de la traversée de la Manche en ballon avec l’ami
Roman 
«Le corbeau qui m’aimait» : l’Angleterre promise d’Abdelaziz Baraka Sakin
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L’épopée d’un migrant soudanais ou la dérive chaotique d’un héros survolant de sa hauteur d’âme le monde réel à défaut de pouvoir l’habiter.
Abdelaziz Baraka Sakin.  (Wolfgang Tanner)
Par
Lamia Berrada-Berca
Publié le 17/10/2025 à 20h17
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