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Libération
Science-fiction

«Le Dernier des Jordane» de Jean-Benoît Puech, le retour du dandy

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Deux obsédés de fictions au sens le plus large, dont l’écrivain imaginaire Benjamin Jordane, s’inventent et se bricolent des mondes.
Jean-Benoît Puech. (John Foley)
publié le 21 décembre 2024 à 4h09

Le Dernier des Jordane annonce-t-il la fin du cycle imaginé par Jean-Benoît Puech à l’époque où il faisait sa thèse avec Gérard Genette à l’Ecole pratique des hautes études ? On peut parier que non. C’est l’auteur qui ferait plutôt figure de dernier des Mohicans en écrivant, autant que faire se peut, sa littérature à l’écart. On retient généralement de Puech ses livres pleins de miroirs et de labyrinthes, il est certes un inventeur d’écrivains imaginaires dont le plus important est Benjamin Jordane qui, par un effet de symétrie, est d’ailleurs lui-même un créateur d’auteurs supposés… Mais, dans cette régression à l’infini, deux miroirs se faisant face, Puech ne serait-il pas lui-même l’invention de Jordane, un hétéronyme qui lui aurait servi à passer à l’acte, c’est-à-dire à se faire écrivain en un moment où les avant-gardes ouvraient une génération aux sciences humaines mais intimidaient aussi les apprentis de la fiction ?

Puech a conçu son œuvre autour du personnage de Jordane (1947-1994), jeune dandy des années 70 souffrant d’un mal mystérieux, écartelé entre dé