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Attention spoiler ! Le diable danse encore est la suite de la Fille renard, roman de la Suédoise Maria Grund paru l’année dernière. L’action de ce nouveau thriller se déroule trois ans plus tard et dévoile largement le dénouement de la précédente enquête. On y retrouve Sanna et Eir, duo d’enquêtrices confrontées au meurtre d’un homme sans histoire, retrouvé nu et mutilé au milieu de la forêt. On retrouve surtout l’ambiance de bout du monde propre à l’univers de Maria Grund et – d’une manière générale – des polars du Grand nord, pays de terres glacées, d’animaux sauvages et de mythes oubliés.
L’histoire se situe sur une île au large de la Suède, en pleine mer Baltique (lieu inspiré du Gotland où vit la romancière). Une terre «où le vent souffle fort et le climat rude soustrait au reste du monde», provoquant chez ses habitants un sentiment d’isolement où la dépression n’est jamais loin. Un univers de nuits sans fin et d’étés moites dans lequel chacun semble vivre au ralenti, lenteur que l’on retrouve dans le déroulement de l’enquête, voire l’écriture de ce long roman qui ne divertit pas le lecteur en multipliant les rebondissements, et qu’accompagnent les deux enquêtrices plombées elles-mêmes par des parcours difficiles et des interrogations récurrentes sur la noirceur de leur métier.
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Le précédent livre mettait en scène des enfants dissimulant leur identité sous des masques d’animaux, comme autant de symboles de la transformation de l’humain en animal. Le nouvel opus s’attarde, lui, sur une bande de jeunes filles sans repères, ados zonardes et rebelles vivant de petits trafics et de violences, circulant en bande sur leurs mobylettes déglinguées, comme autant de hordes de bêtes sauvages, prêtes à toutes les monstruosités. Gang de filles agressives mais aussi terriblement fragiles, loin d’être à l’abri de la mort qui rôde une fois de plus dans la petite communauté insulaire.
Car Jack, le jeune meurtrier «disparu en mer» à la fin de la Fille renard, n’a jamais été retrouvé. Est-ce lui qui appelle Sanna ? «D’abord un appel tôt le matin, après lequel il a raccroché. Et puis les fois où on l’a rappelée, encore et encore. Son instinct lui a graduellement fait sentir que ça devait être Jack à l’autre bout du fil. La façon dont elle a commencé à noter les sons qu’elle entendait. […] Jusqu’à former un cluster autour d’un petit trou perdu au milieu de la Suède… La fois où elle a essayé d’en parler mais où personne ne l’a prise au sérieux.» Jack et le tueur sont-ils la même personne ? Où Sanna est-elle seulement hantée par les fantômes de sa précédente enquête ?
Oui, décidément, le diable danse toujours dans les forêts sombres de l’île.