Ruban rouge et chapeau bas pour Laurent Mauvignier. Les 10 membres du jury de l’Académie Goncourt, réunis au célèbre restaurant Drouant à Paris, dans le quartier de l’Opéra, ont distingué ce mardi l’auteur de La Maison vide aux éditions de Minuit. «Je ressens de la joie», c’est «une récompense énorme parce que c’est un livre qui vient de l’enfance et de plusieurs générations», a réagi l’heureux élu à son arrivée au restaurant Drouant.
Sacré dès le premier tour avec six voix, Laurent Mauvignier a devancé la Belge Caroline Lamarche, qui en a obtenu quatre pour Le bel obscur (Seuil), et distancé les deux autres romanciers en lice dans la sélection finale, Emmanuel Carrère avec Kolkhoze (P.O.L) et Nathacha Appanah avec La nuit au coeur (Gallimard). A 58 ans, l’auteur d’Histoires de la nuit devient donc le lauréat 2025 du plus illustre des prix littéraires français.
«C’est parce que je ne sais rien ou presque rien de mon histoire familiale que j’ai besoin d’en écrire une sur-mesure», écrivait Laurent Mauvignier qui n’avait jamais reçu jusque-là de grand prix littéraire d’automne. Dans la Maison vide (Minuit), une vaste fresque familiale de 750 pages, il revient sur ses ancêtres, comme sa grand-mère, dont la tête a été découpée des photos de famille. L’écrivain ouvre l’enquête, alors qu’une maison de famille est redécouverte après avoir été laissée vingt ans à l’abandon.
Le jeu était serré. «Cette année, il n’y a pas un livre qui écrase les autres», avait indiqué à l’AFP l’écrivain Philippe Claudel qui préside l’Académie Goncourt où siègent Christine Angot, Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun, Pascal Bruckner, Françoise Chandernagor, Paule Constant, Didier Decoin, Camille Laurens et Eric-Emmanuel Schmitt. L’an dernier Houris de Kamel Daoud s’était facilement imposé.
Les ventes de La Maison vide, ouvrage sur lequel sera apposé le bandeau rouge «Prix Goncourt» devraient être démultipliées, comme en ont bénéficié les récents lauréats, qui ont parfois dépassé les 500 000 exemplaires écoulés. Une aubaine dans un climat morose pour l’édition, avec un recul des ventes de 5,7 % en volume en septembre par rapport au même mois de 2024, selon les chiffres de Livres Hebdo.