Difficile de passer à côté de la sortie du Grand Monde, le dernier Pierre Lemaitre, son portrait pavoise le métro, et le roman a filé ventre à terre en tête des ventes. Il s’annonce comme le premier volume d’une tétralogie sur les Trente Glorieuses, après une trilogie sur la Grande Guerre (Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013), l’entre-deux-guerres (Couleurs de l’incendie, 2018) et la drôle de guerre (Miroir de nos peines, 2020). Le début se situe à Beyrouth en 1948, où est d’abord campé, à coups de serpe ironiques, le portrait de la famille Pelletier et de ses six protagonistes, lignes directrices de l’histoire qui croise la grande, en particulier la guerre d’Indochine. Une saga familiale, assez haute en couleurs, dans le grand maelström de la fin des années 40.
1. Pourquoi ça sent le savon ?
Au Liban, Louis Pelletier a acquis dans les années 1920 une petite savonnerie qu’il a fait fructifier. «En quelques années, les Pelletier seraient à Beyrouth ce que les Wendel étaient à la Lorraine, les Michelin à Clermont ou les Schneider au Creusot.» Madame a élevé ses enfants et tombe en dépression à chaq