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Roman

«Le Hameau de personne» de Jérôme Meizoz, hauts troubles

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Un dealer, une femme épiée, un poète affligé d’une double addiction et la présence constante de la montagne.

Jérôme Meizoz. (Yvonne Böhler)
ParClaire Devarrieux
Journaliste - Livres
Publié le 03/05/2025 à 16h00

Trois personnages en quête de hauteur sont rassemblés par le romancier Jérôme Meizoz dans le Hameau de personne. Le hameau : des chalets écroulés, des ânes, quelques vieux à demeure et des vacanciers à l’occasion, que nous ne verrons pas. L’hiver, on ne peut pas y accéder en voiture. On monte à skis, munis de peaux de phoque, ou à pied, mais il y a un passage dangereux. Autour, les «terrasses céréalières où ne poussent plus que le chardon et la bardane» nourrissaient jadis tout le hameau. Davantage que le décor du livre, la montagne est une présence constante – la plus forte.

Le dénommé Javerne habite ici. Il rend des services, il veille sur la source. Pour vivre, il deale dans la vallée. Herbe bio, poudre, ce petit commerce assure sa subsistance mais il est lucide, «la came» l’«isole», il est le premier à entendre «la camisole». «La drogue l’a sauvé et le tue tous les jours», résume son ami d’enfance, Fracasse, un poète affligé d’une double addiction : la lecture de romans (ça, c’est le diagnostic de Javerne), et une femme, Rosalba, qui le hante depuis longtemps. Fracasse est un amoureux transi. Rosalba, qui avait disparu, abandonnant mari et enfants, reparaît un jour de septembre sous le n